Figure emblématique de l’Ur Yoko-Ur Joko, notre Ami Paco s’en est allé. Paco a été un rameur, un encadrant, un président, un confident, un chanteur, un père , un poète. Une page ne suffirait pas à retranscrire tous les moments partagés et toutes les facettes de notre Paco. Différents témoignages seront partagés ce mois-ci.
Vue par Michel Pinguet (copain depuis 1969, coéquipier en 1970-1971 et 1974-1975)
Après des débuts prometteurs à l’Arin (football), Paco, s’est tourné vers l’aviron en 1968.
Il avait 17 ans quand il est rentré à l’Ur Joko, avec quelques copains du quartier Pocalette.
C’est Pantxoa Sallaberry, barreur expérimenté, qui leur a enseigné les bases techniques et qui les a motivés pour se lancer dans les premières régates.
Tout comme à moi au cours d’un stage organisé pendant les vacances de Pâques, la même année.
Le premier fait d’armes en aviron de Paco a été de gagner le championnat de France à la mer en 1970.
Le 4 avec Joseph Zorzabalbere, Raymond (dit Ignace) Segurola, Jean Louis Domec, Paco, était barré par Pantxoa Sallaberry.
L’année suivante Paco a travaillé dans la région parisienne et s’est inscrit au club de la Société Nautique de la Basse Seine, club dans lequel je ramais depuis l’année précédente car je suivais ma scolarité dans la banlieue ouest. Le club de la SNBS était l’inverse de l’Ur Joko : palmarès énorme, pléthore d’entraineurs (dont Pierre Sauvestre Directeur Technique National), de matériel, structure, organisation, hiérarchie, discipline … En 8 et en 4 nous avons participé à la tête de rivière de Nogent, aux régates de Bruxelles, de Libourne.
Cette année a beaucoup marqué Paco, et nous a certainement donné une approche commune sur la pratique de ce sport.
De retour à l’Ur Joko, Paco s’est consacré au skiff, participé aux régates régionales et aux championnats d’Aquitaine et a commencé à prendre en charge la formation et l’entrainement des jeunes rameurs.
Pour la saison 1974-1975, j’avais terminé mes études parisiennes et nous avons fait la saison en 2 barré, bateau pour lequel ni lui, ni moi n’étions taillés.
Nous réussissions à faire coexister le travail, le sport, la fête …
Une bonne saison pour laquelle nous avons loupé d’un cheveu le titre régional et une place en finale du championnat de France.
Avant d’être coéquipers, nous étions amis. Notre amitié a résisté à une saison en 2 barré dans laquelle nous nous sommes lancés avec pas mal de handicaps. Un vieux bateau, pas d’entraineur, 10 kg qui me manquaient, 30 kg qui manquaient à Paco, sans compter nos 2 entrainements hebdomadaires très légers.
Il nous restait à miser tout sur la technique, avoir un énorme mental et surtout avoir confiance l’un en l’autre.
Malgré ces handicaps et nos tempéraments tellement opposés j’ai vraiment apprécié de ramer cette saison avec Paco. Des années après inévitablement nous évoquions avec gourmandise certaines courses loupées d’un rien ou gagnées in extrémis …
Les années suivantes, Paco a réalisé une saison en deux de couple avec Marcel Valerdi, mais il s’est surtout investi dans l’encadrement des jeunes rameurs.
A partir de 1990, nous ramions épisodiquement en double scull, toujours avec beaucoup de plaisir à la recherche de la bonne glisse du bateau, au moindre effort.
Vue par Henri SALLABERRY
Paco était donc un rameur confirmé mais il a aussi été pendant près de vingt ans le président de l’Ur Yoko. Ce n’était certainement pas le président le plus administratif et le plus protocolaire que l’on puisse trouver. Faire en sa compagnie les comptes et les demandes de subvention du club, et même organiser une manifestation pouvaient être un véritable sacerdoce.
Mais ce n’était pas là l’essentiel. Pour tous, Paco n’était pas juste un président, c’était un compagnon, un éducateur, un ami, un confident, un père. Pour Paco, l’important à l’Ur Yoko n’était pas de remplir des formulaires, il fallait avant tout faire découvrir à tous l’aviron et l’Ur Yoko, s’occuper des licenciés, faciliter leur intégration et les aider de quelque manière que ce soit. L’Ur Yoko de Paco était une association au chacun avait sa place, ou chacun devait s’épanouir en ramant bien sur mais aussi en chantant, en créant des liens, en partageant un certain « esprit du club ». Pour Paco, tous les jeunes devaient avoir leurs chances et, c’est sur, tous seraient un jour champion de France (ou, au pire, finirait sur le podium aux régates de Soustons ou de Peyrehorade). Pour Paco, les loisirs devaient tous avoir la possibilité de pratiquer l’aviron dans les meilleures conditions possibles et ils avaient tous la capacité de bien ramer. Et tous les loisirs du club, ses loisirs, pouvaient se confronter aux meilleurs rameurs !
Paco était un bon président, un excellent président, un président remarquable car avec lui, l’Ur Yoko était un refuge avec les portes grandes ouvertes à tous et ou ses amis, et nous étions tous ses amis, venaient ramer, venaient oublier les petits tracas quotidiens, venaient se retrouver pour partager tout naturellement des moments chaleureux.